Le mouvement du monde n'est ni un progrès ni un recul, mais un pas en avant, un pas en arrière, sans jamais de cesse. La vie individuelle
est une récréation entre deux néants. Qu'y faire ? Ce qu'on fait pendant toutes les récréations : y être aussi heureux que possible, sans causer trop de tort aux autres. Cet "être heureux" n'est nullement ici un épicurisme simpliste. Être heureux, c'est réaliser ses désirs,
mais le héros, le saint, eux aussi réalisent leurs désirs. Et un certain degré de souffrance et même de drame est, chez qui veut vivre à fond
la "condition humaine", incorporé aussi au bonheur. Une telle conception de la vie ne va pas sans un fond d'indifférence. Toutes nos entreprises, y compris celles de l'héroïsme, doivent être vues sous l'angle de ce que Montherlant appelle "la feinte" : il faut feindre de prendre au sérieux ce qu'on ne prend pas tout à fait au sérieux ; d'où intensité de vie, voire énergie, amalgamées au détachement. La seule façon intelligente d'envisager ce
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Forme de produitLivre broché / livre de poche broché