« À cinquante ans, maman n’y avait pas échappé. Elle avait rôti, elle était à point. C’était l’aboutissement logique d’une vie entière à chasser les rayons. Chaque année, elle teignait ses cheveux naturellement bruns en une teinte plus claire à mesure que sa peau, elle, aspirait le soleil d’Afrique sous lequel elle vivait enfin. Elle prenait la teinte de la suie, la même que j’avais sur les mains en réparant mon vélo.
Symbole des années 1980, le bronzage était la signature d’une génération obsédée par la brûlure et les paillettes, où l’on voulait vivre vite, s’étourdir quitte à griller sa peau et assécher la terre. Le bronzage, c’était aussi une promesse : celle de franchir le périphériq