Un corps d'adulte sur des jambes d'enfant, une tête énorme hérissée d'une barbe folle ont dessiné de Lautrec l'image d'un faune de la Grèce antique. Artisan de la mythologie contemporaine, celle d'un Paris du plaisir et de la fête, lui-même n'a cessé de faire référence à la légende.
Pitreries, pieds de nez, facéties, irrévérences ponctuent une existence fantasque, une vie inventée qui a valeur d'oeuvre et se déroule comme un gigantesque happening. A trente-sept ans, l'alcool, la volupté et le travail triomphent de cette force de la nature. A Bordeaux, où il passe l'hiver 1900-1901, Lautrec est terrassé par une crise: " Je me nourris de noix vomique, écrit-il à Joyant, l'ami d'enfance devenu directeur d'une galerie de peinture, aussi Vénus et Bacchus me sont barrés. "
Rares sont les peintres qui se sont imposés si vite et avec une telle autorité. Or, peu d'individus ont provoqué un si grand nombre de réactions haineuses. Sans doute sa physionomie inspirait-elle répu