Façonné par son activisme militant et son mode de vie nomade qui la mène de son Italie natale à la Russie, le parcours incandescent de Tina Modotti (1896-1942) suscite la fascination. Essentiellement produite entre 1923 et 1930, son oeuvre frappe par son caractère fulgurant, de la photographie d'art de ses débuts à une approche plus personnelle tournée vers la dénonciation des conditions de vie des défavorisés. C'est au sein du Mexique postrévolutionnaire que se forgent tant sa conscience politique que le style particulier, à la fois sensible et critique, avec lequel elle saisit sur le vif les mouvements sociaux et les inégalités sans jamais négliger la qualité de la photographie. Ses images fortes, parfois teintées de propagande, de la précarité des travailleurs, des symboles de l'émancipation de la classe ouvrière, de la misère des zones urbaines, ainsi que des femmes et de leur rôle au sein de la communauté, en font l'instigatrice du photojournalisme dans le pays. Croisant l'analyse