L'autobiographie de Nicolas Rétif de La Bretonne, c'est son oeuvre tout entière. Dont le moindre texte place sous une lumière oblique une face ailleurs cachée de ce Protée des lettres. Dont l'ensemble révèle un homme, un amant, un auteur, tel qu'il est ; tel, aussi, qu'il se rêve : augmenté du réseau de ses possibles. Vivre, pour ce graphomane, c'est écrire ; pour ce " polyéraste ", c'est séduire. Au centre de la toile, Monsieur Nicolas. Ici, bas les masques, nous dit-on. Mais Rétif confond volontiers souvenir et fantasme. Qu'importe, somme toute. Son autobiographie - qui peut sembler naïve, hétéroclite, obsessionnelle - est l'histoire d'une création, le dévoilement du coeur humain, la mise à nu de l'imaginaire et de la sensibilité d'un écrivain des dernières décennies du XVIIIᵉ siècle. Le livre manque peut-être de recul, mais c'est par ses débordements qu'il s'impose aujourd'hui, par sa volonté pathétique de dire la fuite du temps, et l'impermanence des vertus et des passions de l'hom