Deux histoires théâtrales sur l'impitoyable scène sicilienne, qui se lisent comme deux récits policiers de la comédie du pouvoir où la parole est toute-puissante pour faire et défaire les destinées. On parle peu en Sicile: et Sciascia, par les mots échangés entre ses personnages, par leurs silences, va tout droit au coeur des choses et des êtres. Le drame humain se fait chair, et tout dialogue prend bien vite son poids d'honneur ou son poids de plomb.
Le lecteur, ou le spectateur, voit d'abord, dans Monsieur le député, la métamorphose sournoise d'un professeur de lettres classiques: honnête homme, Frangipane deviendra, sous la pression d'un prélat corrompu, l'homme de tous les compromis qui assoit son pouvoir politique en sacrifiant sa culture, sa femme, l'admirable Assunta, rebelle pleine de douceur, si lucide qu'on veut la faire passer pour folle, sa famille, sa dignité. Dans des scènes au scalpel, qui révèlent, sous le masque des victorieux, toutes les faiblesses humai