Léonard agonise à Amboise. Il se confie à Francesco Melzi, son dernier jeune « compagnon ». Mais c?est Salay qu?il voudrait à son chevet, Salay, le traître, le fils selon son coeur qu?il préfère à tous ses disciples. Que n?a-t-il réussi à garder l?amitié de ce beau Ganymède, lui qui a conçu tant de machines volantes ! Que ne s?est-il changé en aigle comme Zeus pour l?emporter sur l?Olympe ! Léonard évoque avec nostalgie l?époque où, flanqué de cet adolescent insolent et voleur, il sillonnait l?Italie en quête de reconnaissance. Il raconte ses désillusions, son emprisonnement à la suite d?une affaire de moeurs à vingt-quatre ans, sa lutte pour conserver l?estime de son père naturel, son impuissance à se rapprocher de sa mère, cette femme simple qu?il recueillit après son veuvage. Il raconte aussi la grossièreté du duc de Milan, le dédain de Michel-Ange, le génie du jeune Raphaël qu?il admirait, et jalousait plus encore. Il raconte, enfin, comment, malgré son orgueil et sa mauvaise réput