Cette lecture des écrits de Jean Meslier, des notes sur Fénelon et du Mémoire qu’elles ont préparé, fondée sur le respect scrupuleux du texte considéré dans ses circonstances historiques, est introduite par une analyse de la laborieuse élaboration du Mémoire et se conclut par une étude de la complexe diffusion manuscrite de l’ouvrage jusqu’à la Révolution. Jean Meslier prône la destruction de la société tyrannique élevée sur le travail et la souffrance des peuples et la construction d’une république démocratique de travailleurs basée sur une distinction modérée des conditions et sur la propriété en commun des biens. Si les révoltes paysannes de son temps et les grèves dans les manufactures n’ont paradoxalement pas attiré son attention, c’est qu’il croit que ces mouvements spontanés sont condamnés à l’échec et ne peuvent qu’attirer de nouveaux maux aux peuples. Même s’il ne renie pas des réformes, il juge que la nouvelle république doit naître d’un acte révolutionnaire, imprégné de viol