Il faut prêter l'oreille aux stridences et à la polyphonie chatoyante du sacre de ce printemps de la Grèce, pour entendre la réponse aux questions : "Qui sommes-nous ?" et "D'où venons-nous ?". On ne peut, en effet, entrer dans les pensées achevées des grands maîtres du IVᵉ siècle, tels Platon ou Aristote, si l'on n'observe pas la manière dont les sciences rationnelles (arithmétique, géométrie, stéréométrie, harmonie, astronomie, éthique, politique, esthétique, médecine, etc.) ont pris naissance. Et parfois, ô surprise ! l'entêtant parfum des fleurs l'emporte sur la saveur des fruits. La conscience de cette nécessité avait conduit le philologue H. Diels, en 1903, à rassembler dans un ouvrage unique les fragments des présocratiques, en soulignant combien "il est indispensable d'observer le processus de développement de la pensée grecque en ayant sous les yeux les textes originaux", au moment qu'ils naissent. L'intérêt croissant que notre époque porte désormais à la formation et à l'ordr