Les neiges du mont argental

Baptiste Matricon, riche propriétaire du domaine de la Faurie, se désole. Nonobstant la peine immense laissée par la perte de quatre de ses enfants - Marius et Hélène, morts lors de l'invasion allemande, Paul disparu et Lucie, chassée de la maison pour être tombée enceinte d'un allemand - et le désarroi immense et muet de Mathilde, son épouse, il déplore la dévastation de son bois de résineux par la tempête de ce printemps 1946, laissant la scierie et la carrière de granit à l'arrêt faute de main d'oeuvre. Seule l'usine de passementerie, dirigée par Violette, sa cadette, encore présente sur le domaine, tire son épingle du jeu, grâce aux dons créatifs de cette dernière et à ses nouveaux modèles de rubans aux motifs colorés qui s'arrachent même dans les maisons de haute couture parisiennes. La seule solution pour remettre son domaine en l'état, dans cette période difficile où tout est à reconstruire, le recrutement de prisonniers de guerre allemands, malgré l'hostilité manifeste de certa