Partant de l'extraordinaire carrière offificielle de Pierre Boulez et de ses relations privilégiées avec les chefs d'État français, l'auteur s'interroge sur l'exceptionnalité de ce cas dans l'histoire musicale occidentale, hormis le précédent de Jean-Baptiste Lully, surintendant de la musique de Louis XIV et créateur de l'opéra français. Il montre que le rapport de Lully et Boulez au pouvoir et ses conséquences sur notre paysage musical ne sont pas des singularités, mais le fruit d'une exception française, due à la préférence nationale pour le mécénat d'État et les régimes politiques à exécutif fort, ainsi qu'à l'importance de la musique dans notre société, dont témoignent tant notre littérature qu'une très riche iconographie dessinée, gravée, peinte ou sculptée. Née sous la monarchie absolue, cette exception qui concerne aussi Rameau, Berlioz, Fauré et le groupe des Six perdure sous la Révolution, sous les monarchies du XIXᵉ siècle et au XXᵉ siècle, avec des éclipses pendant les régim