Les idées linguistiques des moralistes

Observer comment vivent les hommes implique d’observer comment ils parlent : il était sans doute inévitable que l’analyse morale se tournât vers les questions linguistiques. Les moralistes ne sont-ils pas confrontés à l’usage, au même titre que les grammairiens ? Et les uns comme les autres ne posent-ils pas fatalement la question de la légitimité des normes ? De fait, il suffit de parcourir les œuvres respectives de Pascal, de La Bruyère, de La Rochefoucauld et de beaucoup d’autres moralistes pour constater à quel degré la question du langage les préoccupe : un langage qui s’avère souvent malmené ou perverti, où les mots ne signifient plus ce qu’ils sont censés signifier, où la communication se fait difficile. Éric Tourrette enseigne à l’Université Lyon 3 au titre de PRAG (habilité à diriger des recherches). Il est membre du groupe Marge. Ses travaux portent sur la langue et la littérature du XVIIe siècle, principalement sur les moralistes classiques et les « remarqueurs » (auteurs d