" Les mamans sont nos pires ennemies... Ces mamans siciliennes qui font des enfants pour les manger ", s'écrie l'un des personnages des Années perdues. La Sicile, métaphore de la mère dévorante attendant l'inéluctable retour du fils, est au coeur des livres de Brancati; pourtant celui-ci, " écrivain singulier et génial " selon Alberto Moravia, n'a rien d'un auteur régionaliste. Cette Sicile est le creuset matriciel où se forgent et se fondent toute existence et toute intelligence, le lieu d'une genèse inachevée, toujours recommencée: un noyau de pure humanité. Parlant de la Sicile, Brancati nous parle de nous, avec une verve qui ne se dément jamais. Leonardo Sciascia a su démontrer la parenté entre Stendhal et l'auteur du Bel Antonio: même style synthétique, satirique, sec et précis; mais on pourrait également évoquer, à propos des Années perdues, un baroque fantastique à la Buñuel. Semblables aux personnages de l'Ange exterminateur, qu'une force mystérieuse