Déjà au XIXe siècle, la mode des éducateurs suisses avait gagné l'empire de Russie. Bon nombre de grandes maisons préféraient employer des gouvernantes et des précepteurs suisses plutôt que des Français dont les idées démocratiques, voire révolutionnaires, pouvaient s'avérer pernicieuses pour leurs enfants. C'est ainsi qu'en 1904 un jeune Valaisan de vingt ans, Pierre Gilliard, quitta son pays et devint précepteur des enfants de la famille impériale. Son destin fut inextricablement mêlé à la tragédie des derniers Romanov, surtout à celui du jeune prince héritier, le Tsarevitch Alexis. Il s'en fallut de peu que Pierre Gilliard connût le sort de ses élèves et fût lui aussi assassiné par les Bolchéviques en 1918. Une fois rentré en Suisse, après plusieurs péripéties, Gilliard publia un livre de souvenirs qui fut un best-seller mondial dans les années 1920. Pendant toutes les années passées à la Cour de Russie, Pierre Gilliard s'adonna à son passe-temps favori, la photographie. Son