Inventer l’amour, l’émanciper des tutelles religieuses et des politiques familiales, instaurer le mariage d’inclination, en finir avec le servage des femmes, tel fut le grand projet des réformateurs depuis le 18ème siècle. Il aura fallu presque trois siècles pour le mener à bien et offrir à chacun la possibilité d’aimer qui il souhaite, de frayer avec la personne de son choix. Cette immense conquête est problématique : comment l’amour, dont la vocation est de rattacher, peut-il se concilier avec la liberté dont l’effet est de séparer ? Cette contradiction explique le caractère à la fois ardent et fragile des romances contemporaines. Croyance inentamée dans les beautés de la passion, de la fidélité, constat des difficultés de cet idéal dès lors qu’il met face à face deux individus qui ne veulent rien sacrifier de leur bonheur personnel et préfèrent saborder leur union plutôt que la prolonger dans la routine ou la médiocrité. Pour résoudre ce déc