Préface de Gilles Clément Notre paysage voisin, le voyons-nous se transformer ? L'enfant, le voyons-nous grandir ? Et les arbres pousser ? Cela se fait si lentement. Il faut l'éloignement et les retrouvailles pour que ce qui change nous saute aux yeux. Des paysages comme des visages, nous ne gardons qu'une mémoire imprécise, si elle n'est pas attestée par des repères. Par exemple des photographies. Ces photographies illustrent des histoires, des histoires de paysages qui changent. Car le paysage est vivant, il ne cesse de se modifier. Parfois brutalement, rapidement, comme dans de nombreuses banlieues. Ou, le plus souvent, lentement, voire très lentement comme ce visage familier, qu'il faut perdre de vue et retrouver pour prendre conscience de son évolution, employant le passé pour constater le présent : « Comme il a vieilli ! » ou « Comme elle a grandi ! » Il en est ainsi lorsque c'est l'usage des lieux, de touche en touche, qui fait évoluer les paysages qui nous entourent. L'agricu