La niche de la Honte, c'est, sur la grand-place de la capitale de l'empire ottoman, l'endroit où l'on expose les têtes des ennemis vaincus ou des grands serviteurs de l'Etat tombés en disgrâce. En 1822, la niche attend la tête d'Ali pacha de Tépélène, le rebelle qui, dans la lointaine Albanie, a déclaré la guerre au sultan. A plus de quatre-vingts ans, Ali pacha, qui a négocié avec Napoléon et connu Byron, jouit d'une réputation d'invincibilité, et les têtes des généraux turcs qui n'ont pas réussi à le vaincre se succèdent dans la niche de la Honte...
Dans ce nouveau roman qui, par son atmosphère, rappelle les Tambours de la pluie, Ismaïl Kadaré dénonce et analyse une fois de plus les mécanismes de l'oppression _ en l'occurrence un épisode sanguinaire de l'occupation ottomane. Déchue pour s'être rebellée, l'Albanie subira l'" état d'exception " ou la loi du " cra-cra ": suppression des coutumes, des costumes, de la langue albanaise elle-même. Mais déjà, en même temps que