Les raps américain et français sont le produit de la révolution politique des années 1970. Sur fond de désoccidentalisation et de déhiérarchisation culturelle, une réinterprétation du couple égalité-liberté met alors en crise toutes les formes de transcendance. Le hip-hop en a d'emblée cristallisé les symptômes sociopolitiques les plus révélateurs : la crise de l'identité soumise à l'injonction sociale de l'autoréalisation, la réévaluation de la concurrence dans notre conception de la justice sociale, les nouvelles revendications en matière de représentation et de reconnaissance. Mais le hip-hop était encore une manière de transition entre les deux époques : son opposition à la société établie visait une perspective commune. La rupture intervient à la fin du siècle avec le gangsta rap qui déplace l'entreprise de transformation sociale sur le terrain culturel désormais dominé par les surenchères transgressives et le second degré. Muni d'un code esthétique ambivalent qui piège l'esprit c
CollectionLe Débat
Forme de produitLivre broché / livre de poche broché