« Je m’efforcerai d’être un serviteur honnête, soucieux de rassembler la matière susceptible d’être utile, par la suite, à une main plus experte – ou bien d’évoquer des tableaux plus achevés », note la jeune Virginia Woolf, apprenti écrivain passionné déjà dévoué corps et âme à la genèse d’une œuvre qui comptera parmi les chefs-d’œuvre du XXe siècle. Son journal d’adolescence s’ouvre en 1897, alors qu’elle a quinze ans. L’écriture, d’emblée, se révèle salutaire pour la jeune fille au talent précoce. Refuge contre la douleur lorsqu’elle perd sa mère – l’ange du foyer – son père et son frère Thoby ; garde-fou contre la folie qui rôde. Mais le Journal d’adolescence qu’elle rédige dès 1897, et qui couvre une décennie, est avant tout un cahier où Virginia Woolf s’applique à faire des phrases comme on fait des gammes, en se moquant d’elle même. Et des autres, ta