On le sait, la mort, la survie de ceux qui ont traversé l'horreur d'Auschwitz a travaillé leurs enfants, petits-enfants, neveux, nièces, jusqu'à pousser ceux-ci à entreprendre une psychanalyse, voire à devenir analyste. Catherine Saladin-Grizivatz est de cette génération. Le travail (tripalium) chez les Romains était le nom d'un instrument de torture. Ce travail l'a conduite à forcer la mémoire de son oncle Maurice Ajzen, jusqu'à l'obliger à se souvenir de l'impensable. Ils arrivent par rafales, stridents comme les sirènes du camp, les souvenirs dans les phrases de Maurice Ajzen lorsqu'il s'entend raconter, entre rires et sanglots, ahuri de la chance qu'il a eue de survivre, incrédule comme nous le sommes devant sa propre vitalité, qui semble ne lui avoir été consentie que pour une autre épreuve terrible : dire. Hannah Arendt a voulu nous accoutumer à l'idée de la banalisation du mal. Mais l'horreur, elle, défiera toujours la banalisation. Qui d'entre nous peut lire le récit de Maurice
Nombre de pages192
Date de publication13 mars 1997
Forme de produitLivre broché / livre de poche broché