L'amour de la vie chez Goya irriguait constamment son inspiration et le rendait plus sensible que d'autres artistes, alors ligotés par le néo-classicisme, aux différents aspects de la Nature: il l'aimait profondément et en a dépeint les multiples nuances avec un sens de l'observation aussi aigu que celui du Zadig de Voltaire et une facture magique digne de Velázquez, atteignant ainsi un degré de science incomparable qui ferait croire qu'en regardant ses tableaux on peut toucher la réalité quel qu'en soit l'objet.
Humaniste comme Cervantès, il n'a cessé de s'interroger, la plume, la pointe à graver ou le pinceau à la main, sur les mécanismes secrets qui font mouvoir cette étrange et passionnante machine: l'homme. Il ne supporte pas que cet homme, qui possède le privilège du choix entre le bien et le mal, se conduise comme une bête sauvage ou cède aux terreurs maléfiques ancestrales. Il est aussi le témoin le plus sincère des événements funestes ou heureux de son époque, en