Loin d’être un écrivain du consensus, François Mauriac échappe à toutes les catégories. À ceux qui veulent l’emprisonner dans son milieu d’origine, il se confronte, à ceux qui étiquettent son œuvre, il s’oppose. On le croit de droite, il pense à gauche. Fidèle mais rebelle, il résiste et se cabre. Catholique, il écrit des romans sulfureux au parfum de scandale. Bourgeois, il met en évidence les failles d’une société traditionnelle et réagit contre l’oppression et l’injustice. Provincial et sédentaire, il s’engage par-delà les frontières et défend une vision universelle de l’humanité. Académicien et Prix Nobel, couronné pour son œuvre romanesque, loué pour la pureté et l’élégance de sa langue, il s’impose comme éditorialiste et jette son « prix dans la bagarre ». Retentissante, sa parole singulière est portée par une voix brisée. En écho à cette fêlure, il y a un monde malade et un homme qui se bat. Inclassable, Mauriac dérange.
Renouer avec l’œuvre et la pensée d’un auteur continuelle