Dans la brillante et foisonnante production littéraire du XVIIIe siècle, l’œuvre de Diderot occupe une place particulière qui tient très largement à sa révélation tardive. Des créations aussi étonnantes que Le Neveu de Rameau, Le Rêve de d’Alembert ou Jacques le fataliste sont restées ignorées de ses contemporains et souvent mal comprises ou injustement appréciées au moment de leur révélation. Il en résulte que le Diderot du XVIIIe siècle est très différent du nôtre et qu’il n’a pas occupé la place qui devait lui revenir de droit. Ainsi s’explique qu’à la différence de Voltaire, de Rousseau ou même de Montesquieu, la recherche littéraire et le travail herméneutique sur Diderot et sur son œuvre n’aient vraiment débuté qu’au lendemain de la seconde guerre mondiale.
Cette réévaluation soudaine de Diderot, de son œuvre et de sa pensée, loin d’être un phénomène de mode, est aujourd’hui une constante de la critique mondiale. Ce statut prioritaire de l’auteur du Neveu de Rameau a paru justifi