" On passait d'abord près de l'embarcadère. Des barrières métalliques bordaient le trottoir, polies par le toucher jusqu'à l'éclat, on pouvait s'y appuyer ou s'y asseoir, et regarder. Si je dis maintenant ce que l'on voyait, je devrais préciser que je m'y trouve à la fois comme petit garçon, adolescent et jeune homme; de nombreuses années de contemplation se réduisent donc à un instant. On apercevait d'abord le bateau, sur le point d'appareiller: les passagers grimpaient sur la passerelle, on se bouchait les oreilles lorsque la sirène retentissait, un coup puis un second, les amarres étaient larguées au milieu des cris de Józiuk et de Antuk. Ou bien on voyait le bateau qui se rapprochait, encore dans le lointain, lorsqu'on ne distinguait que le scintillement de ses aubes. Les bateaux s'appelaient Courrier et Express, me semble-t-il (bien que je n'en sois pas certain); ensuite, il y en eut un troisième, Agile, magnifique, doté d'un véritable pont. On accordait beauc