Brenner est le roman du cigare et de l'enfance. Rompant radicalement avec ses oeuvres antérieures, Burger y jette en effet tous les masques _ garçon d'orchestre, prestidigitateur, thanatologue privé, glaciologue, portier de nuit _ pour conter les souvenirs du petit garçon qu'il fut en Argovie, le pays du Stumpen, du bout tourné, du cigare populaire.
Toutefois, rien n'est simple dans cette mise en perspective de la mémoire, à commencer par la forme. L'oeuvre s'ouvre sur l'évocation de conversations animées avec Jérôme de Castelmur-Bondo, vénérable historien qui donne au narrateur une instruction proustienne que compléteront d'autres aficionados de Combray et de la madeleine. Puis viennent, constamment mis en parallèle, une suite de tableaux où le jeune Brenner découvre le monde, l'élucidation des présupposés du " raconter-vrai " ainsi qu'une défense et illustration du cigare.
Dans ce jeu du dévoilement, où la magie est soudain mise à nu, Burger convoqu