Qui se souvient que Cendrars est parti au Brésil dans les années vingt poursuivant un rêve de fortune dans le commerce et les mines, à la manière de Rimbaud, et qu?il avait alors renoncé à toute forme de littérature ?
Et qui se rappelle qu?il en est revenu changé, ayant retrouvé le chemin de l?inspiration, entièrement puisée dans la découverte enchantée du Brésil?
On a voulu enfermer Blaise Cendrars dans le stéréotype, bourlingueur, grand buveur, viveur, et reléguer l?écrivain au second plan. C?est ainsi que la figure du pittoresque poète au bras coupé a fini par vaincre - en la saturant - la curiosité qu?on aurait pu en avoir. La curiosité fut l?objet premier de ce livre, consistant à aller voir d?un peu plus près ce qui ne se laissait pas facilement saisir à distance. Je ne prétendais pas qu?en mettant mes pas dans ceux de Cendrars j?y verrais forcément plus clair. Je voulais que ce livre ne fût pas seulement un portrait de Cendrars en descobridor, une réflexion