Aristide Briand (1862-1932) est à la fois célèbre et méconnu. En dépit de la multitude de rues qui portent son nom, du prix Nobel de la paix qui lui a été décerné en 1926, et de sa popularité dans les dernières années de sa vie, il n?occupe pas dans la mémoire nationale la place qui lui revient. Comme si les insultes de l?Action française et l?inimitié de certains ténors de gauche et de droite brouillaient toujours son image ; comme s?il avait bien été l?inculte et paresseux politicien opportuniste, l?anticlérical à tous crins et sur ses vieux jours le pacifiste bêlant livrant la France à l?Allemagne que ses adversaires ont dépeint. Quelle injustice !
Voilà au contraire un homme parti de positions extrémistes (la grève générale?) et venu aux affaires afin de concilier les inconciliables. Sans lui, qui fut le rapporteur de la loi de séparation des Eglises et de l?Etat en 1905, la question religieuse aurait pu tourner à la guerre civile : il a su amener les protagonistes à se ran